Open de France

Premier Set

- Ouverture Françoise -

Juste comme un rêve qui commence tu sais pas pourquoi t'es là ni comment mais t'es dedans. C'est là que je suis. Une entrée d'immeuble genre résidence "quelque chose" quelque part... Ça se ressemble partout, niveau standing moyen élémentaire... J'avance y'a que ça à faire, se laisser entraîner, c'est pas un choix, c'est le courant...

J'entre, je monte les escaliers, imitation faux marbre, je fais plus la différence, quelle importance?... Et qui je rencontre sur la pas de sa porte?... La Mère Kadérian!... Surprise! Ça fait au moins quatre ans pas vu... Un silence assez long de ma part, de la sienne je sais pas, elle a pas répondu... "Tu voulais quoi?"... Pas de réponse, logique, question suivante...

"Bah ça alors comment tu vas?"... -Bien- "Qu'est-ce que tu fais là?"... -Je passe, je vais au dessus, je savais pas que t'habitais là-... "Si tu veux passer prendre le café tout-à-l'heure"... -D'accord, merci- ... Le café... Toute une histoire avec le marc et les divinations... Une ambiance... un peu de mystère... la voix basse et douce, des hésitations... tout le rituel... Civilisation perdue, tradition de femmes, magie noire dans la soucoupe... Le café...

Je continue l'ascension précitée dans les étages faire je sais toujours pas quoi mais maintenant c'est sans importance... Je reviens pour le café, c'est ça qui compte, je sais que l'histoire est là... Y'a pas de lézard y'a pas de hasard, y'a moi à la porte, je toque je rentre, ils en sont au café justement, le script tient le coup, beau cinoche...

Y'a le père Kadérian aussi, on se salue... -Sourire- On s'est bien vu à l'époque, histoire d'alliances curieuses... C'est les rencontres, les manques à combler... "à quoi on joue?"... Je sais pas, j'ai pas tenu le bluff, j'ai craqué... J'ai pas été son ami ni l'amant de sa femme, c'était trop compliqué pour moi, ça me cassait la tête! Je passe!...

"C'est qui qui donne les cartes?"... Y'a un joker, ça se voit tout de suite... Une fille que je connais pas. Illico ça accroche, y'a quelque chose qui passe, courant positif... C'est quoi?... Je prends la tasse de café offerte... La fille dit "On se ressemble"... Évident! C'est ça, on se ressemble!... Je me retrouve en face de moi féminin, je me reconnais pas, en fait c'est normal, je me connais pas, j'en suis juste à me dé-couvrir...

Je me disais aussi c'est curieux, ce visage me dit quelque chose... Ma soeur?... Un peu de ça comme quoi j'avais pas vu que ma soeur et moi... Sans la moustache... Eh oui!... Je dis ça à la fille, je sais pas comment elle s'appelle ou j'ai pas fait attention... Elle s'appelle pas peut-être... On se lâche plus des yeux... - Impressionnant - Impressionnés... Les autres disparaissent dans leurs tasses, inexistants, ou dans le marc au fond de la soucoupe, ça se peut... inexistés... Je sais pas, je sais pas interprêter le marc sauf quand ça déborde...

Café... Tout le monde s'en va vers son travail ou ses affaires... J'ai rien à faire, je fais semblant pareil... Les Kadérians s'en vont, nous avec, on sort... La fille s'en va... direction?... Je suis! Je vais pas partir comme ça! Je vais pas me quitter si vite! J'ai sûrement des choses à me dire avec moi-elle! Hèles-moi! Casse pas la ligne ni le fil!...

On va se suivre en voiture, c'est idiot, petit ballet automobile, on tourne et vire sur une route puis les voitures se fondent ou s'arrêtent... On se retrouve dans la même, je l'enlace, je m'embrasse elle... Fondu enchaîné... Un trouble léger... Je me retrouve à poil dans un appart, les pieds sur la moquette, je cherche la douche, de l'eau, j'ai chaud...

C'est un appart bizarre avec des cloisons à jours en enfilades, plans décalés en transparence, visions douces dans les gris... Y'a même un couffin avec quelque chose... je sais pas, ça remue dedans... Je prends conscience de ma nudité, réflexe apeuré, quelqu'un va venir me touver chez lui... Angoisse insomniaque d'un complexe amnésique...

Je sais pas où je suis, je sais pas où est passée la fille-moi ni ce que je fais là, nu dans ce rêve à chercher cette douche... Je trouve une vaste vasque comme une conque voilée de blanc... C'est curieux, je cherche un sens aux choses qui m'entourent... C'est la chaleur qui me réveille dans mon rêve éveillé ou j'écris... la nuit... Juste comme un rêve...

- Petit Déjeuner - Intermède Matinal -

 

Deuxième Set

- J'en vois -

Je suis dans le bus, c'est amusant, comme adolescent... "Banlieue blues et bus de merde!"... C'est pratique quand même, je chicane juste pour le plaisir! Je reste avec Benjamin et la lune en recueil joli, "J'en ai queue d'chique à foutre"... du bus de cette banlieue du reste, je viens chercher ma roulotte à cheval vapeur à défaut de l'autre et poursuivre mes histoires un peu plus loin...

Plus loin c'est les nougats, les miens sont fragiles encore... J'essaye de mettre en place les morceaux de ce puzzle gigantesque, ces instances en mémoires avant de les perdre... J'ai peur de l'oubli retour alors j'anticipe un peu l'aller... Tant pis pour la prime fraîcheur et l'acidité résiduelle... Je m'aigris pas, je m'allège... L'amour fait le reste avec le temps... ou l'inverse... où l'un verse l'autre se trouve... J'y suis!

Il se trouve que c'est le pays du rêve des personnages de la nuit, j'y ai repensé en route... Les Kadérians... lui il est toubib installé en ville, je me souviens sa spécialité à l'époque c'était le doigté rectal, il en parlait beaucoup... Faut dire que dans les fantasmes c'est pas le moindre la sodomie! C'est le défendu tabou quasi absolu pour la moyenne laborieusement éduquée dont nous sommes lui et moi... Vous je sais pas...

Y'a un jeu qui s'appelle "l'Enculette", je crois c'est avec des cartes, comme "le Kilo de Merde", des jeux d'enfant il paraît, j'y ai jamais joué, seulement la Bataille, ou le Pouilleux puis la Belote et le Poker pour faire plus grand, les échecs aussi... C'est pas grave... "L'enculette" ça permet de dire "enculette" et après de dire "J'tencule!"... De dire, pas d'en parler, ni de le faire non, mais ça défoule je suppose... "Enfoiré!"... ça pose... "Fuck you!"... On a du vocabulaire bi-lingue ou bi-route, doubles voies, doubles sens, double crême pour la frime à l'oral avec une grande gueule ça affranchi...

Ça m'impressionne à l'époque! Je serre les fesses par précaution... J'en mène pas large devant cette violence verbale plus qu'évocatrice et provocatrice de mes congénères en cette fange pré et post-adolescente... Devant ces modèles grossiers d'éducation populaire de l'école laïque et obligatoire!... Ça fait une sacrée descente dans les synapses en structuration!... Les neurones frémissent et se hérissent... Brrrr!... Ça fait frisquet dans le cerveau!... Les images d'Epinal et les cours de morale républicaine c'est beaucoup plus tranquille que les cours de récréation... Je vous apprends rien...

Maintenant, quelques vingt ans après, je suis habitué, je digère le mot, je mâche et rumine pas vache... digestionnaire... Je gère le dit au mieux que je peux... Kadérian il se spécialise dans l'obstétrique... ça fait sérieux!... En fait ça permet de jouer au docteur et de se faire payer pour trifouiller la zizounette des filles, c'est super!... C'est la SANTE, c'est SERIEUX, c'est SCIENTIFIQUE!... D'abord ce sont des oscultations, ensuite des vagins, puis des patientes et! Des honoraires! DOCTEUR!... Et les clientes viennent de leur plein gré, elles sont libres!... Consultant... Homme Médecine a parlé... Hugh!...

... Ça frise l'insulte et l'insanité... en plus ça pue l'hypocrisie!... Vous trouvez pas?... J'ai rien contre, j'ai rien pour non plus, je rassemble juste des morceaux sur cette hypocrisie sexuelle morale et physique, tic tic... Et les quelques déviantes que j'aperçois des fois... Formation permanente... Anthropologie approximative fin XXème post baby boom! Boom!... Moi c'était les armes à feu ma spécialité, délégation queue de détente et ligne de mire... à distance... Pojectile projectif, poudre aux yeux...

Maintenant c'est le stylo, on a l'exercice de ses névroses, chacun les siennes... Y'a les professants, toutes catégories confondues, les psychos, les infirmières, les gardes malades et ceux du corps... Des plombiers, des vidangeurs, des ramoneurs, des photographes, des employés du gaz, des militaires, des voyageurs de commerce et autres représentant les échantillons multiples des possibles et même des incompossibles... Les politiques, les économistes... -Liste non limitative-... Boulangers, marins, hôtesses de l'air ou d'accueil, étalagistes...

"Le cul dans la vitrine!"... "Si j'y mettais ma pine?"... Pour voir ce qui se vend le plus en nos publicités consommantes et consommatrices!... Je consomme tu consommes il ou elle consomme, nous consommons... Sommes nous cons?... A ce point?!... J'EN VEUX PLUS!... Vous trouvez pas ça drôle?... Ça a pas l'air, moi je trouve tout ça cocasse avec le recul... "J'avance et je..." t'ctététra... Cet air là ça fait partie de la Q'ulture! Oui oui! C'est le folklore, les us et costumes bien taillés de chez nous... "Soufflez dans le biniou"...

J'ai peur aussi, faut pas croire!... Je frime aussi, c'est pas fastoche de parler de tout ça qu'on en a rien dit... Chez moi en tous cas, chez vous je suis pas rentré... une autre fois peut-être?... "Ça vase Line?"... Ça c'est la France! Ailleurs c'est pareil?... Y'a des chances, façon de parler, je vais aller voir moi-même!... Optique mémoire lunette téléviseur ordinateur traitement de texte marteau-piqueur... C'est brouillé sur la planète! C'est pas très net! Le terrorisme de l'immobilisme, procurations médiatiques, prévisions analytiques... Toc toc toc...

Anal y tique?... UN MAX!... Ça coince dans les chaumières! Ça tricote des aiguilles, ça serre les fesses, "ça" convient à l'usure, à l'usage pour reproduire... Quelle erreur? Quelle con-venance et bite d'amarrage démarrage des mariages forcenés?... Contrepèterie contre pétri vocabulaire et pet contrit... Ortho graves et partie bulle d'air!... Familier argotique populaire... La bien-séance se trouve ailleurs... "Pas sur les genoux de la Dame!"... Où faut-il s'assoir?... Ou faut-il sursoir encore un mille ou deux? - Croisement Dangereux - Angélique ou mandragore, arsenic ou mate-à-mort... Qui possède la lame qui tranche la racine? De quel mâle s'agit-elle?...

Lent gage, les vies dansent, je crie...

Langage, l'évidence, j'écris...

Mise à jour - Mise à nuit - Mise à vie - Mise à mort - ... Encore!?... Abolition de la peine capitale et minuscule! Dégradation des droits de l'homme rien de neuf... Dix sept huit neuf - Dix neuf huit neuf... Deux cents quelle différence?... Le détail l'appellation, le bétail la zélection... La belle arnaque constitutionelle... Vous avez faim?... Encore!?... C'est merveilleux!... L'éphémère père dur, l'effet mère perdure... Acrimonie et rage dedans, Lacrima-christi au Vatican, larmes de wiskhy au Proche-Orient...

Je sonore le dit, je sonne l'heure et révoque l'édit son du canon, ecclésiaste ou militant, policés coupeurs de crinières, obséquieux tripatouilleurs d'enfants... "Avec Emminence! Castrez-les dès l'enfance !"... Slogan connu... "Allons Z'Enfants!"... Toutes ces voix exaltant le ton sûr et docte et fanfaronnant la vertu républicaine révolutionnaire révolue... Poil au C...! On y revient plus... CHIASSE! Je parle d'excrémentiel, de ces diktats didactiques en dictées dictionnaires transmutant en "diarrhée verbales" méprisantes et aseptiques la simple expression orale de notre merde monumentale sociale et politique!...

Générique...

J'entends politique vie et non de partis et me rise non des présidents qui en abusent mais des électeurs en leur étonnant coma frileux et oublieux qui se dennient le droit essentiel à l'être souverain de lui-même et de sa vie!... Eh! Lecteur de parti pris à partie, même résigné, même manipulé, même névrosé, même cancérisé comme tu te votes, comme tu te dopes, je t'aime!... Non pour ce que tu montres mais pour ce que tu es!... Et me pardonne ma faiblesse de croire aux mots des frontispices, au rêve-évolutionnaire universel et à vouloir le dire avec toute mon incapacité verbalisant l'humeur et l'erreur humaine mienne...

Je lance ma voix...

Méa culpa, me la coupe pas, méa culpa, me la coupe pas...

 

Deux set à zéro. Fin de partie.

Open de France